Comprendre les blocages émotionnels dans l'écriture : une perspective Psychopédagogique
- Marina Laloux-Failliot
- 2 juin
- 5 min de lecture
Regard Graphothérapeutique & Psychopédagogique
En bilan ou en séance, il m’arrive de voir un enfant s’immobiliser devant sa feuille, le crayon suspendu au‑dessus des lignes : « Je n’y arriverai jamais ! », souffle‑t‑il. Cet instant cristallise ce que l’on appelle un blocage émotionnel : une réaction interne qui fige le geste graphique et, au‑delà, l’élan d’apprendre. Comprendre ces blocages est une étape clé pour accompagner l’enfant vers une écriture plus fluide et confiante.

Dans cet article, je propose de :
Décoder les mécanismes émotionnels qui entravent le geste d’écriture ;
Illustrer ces mécanismes par des situations vécues au cabinet et à la maison ;
Offrir des outils concrets pour que vous, parents, puissiez amorcer un accompagnement éclairé et, si nécessaire, envisager une rééducation.
Quand l’émotion s’invite dans le mouvement graphique
Les trois visages du blocage émotionnel
Visage du blocage | Signes observables | Impact sur l’écriture |
Anxiété de performance | Effacement répétitif, lenteur excessive, posture crispée | Traits tremblants, lettres hésitantes, fatigue rapide |
Baisse d’estime de soi | Auto‑dévalorisation (« je suis nul »), refus de montrer ses exercices | Diminution de la prise de risque, graphisme minimaliste |
Sur‑adaptation | Sur‑contrôle, recherche de perfection permanente | Écriture trop appliquée, perte de vitesse, douleurs musculaires |
Exemple cabinet : Léo, 9 ans, écrit si lentement qu’il termine rarement ses évaluations. À chaque correction, il craint la moindre remarque et serre son crayon jusqu’à la crampe. Son souci n’est pas la forme des lettres mais la peur de mal faire.
Les racines psycho‑physiologiques
Un blocage émotionnel se joue à la croisée de deux systèmes :
Le système limbique qui gère la peur et le stress ,
Le système moteur responsable de la coordination doigt‑œil.
Lorsqu’un stress se déclenche (peur de la note, pression temporelle, souvenir d’une remarque humiliante), le cerveau limbique « prend la main », libérant cortisol et adrénaline. La motricité digitale s’en trouve altérée : gestes saccadés, crispation articulaire... et souffle court. C’est le fameux « freeze » appliqué au crayon.
Ce que vivent les parents… et ce que j’observe en séance
À la maison :
Devoirs qui s’éternisent : vous négociez chaque ligne, la table se couvre de brouillons froissés.
Éruptions émotionnelles : larmes, colère, fermeture totale dès qu’il s’agit d’écrire plus de trois phrases.
Comparaison sociale : « Ma copine Clara écrit plus vite que moi ! ». Blessure narquoise qui rouvre le blocage.
Au cabinet :
Arrivée sous tension : l’enfant entre avec le dos rond, inspecte mon matériel comme un juge.
Évaluation diagnostic : prise en main du stylo, écriture lors des tests... je note la pression, la posture, la respiration.
Moment charnière : un jeu graphique ludique (labyrinthe tactile, carte au trésor) réveille le plaisir sensoriel. Souvent, c’est là que la crispation se relâche.
Outils pour dénouer le blocage à la maison
Le rituel sensoriel de démarrage (5 minutes) :
Respiration papillon : battements doux des mains sur la poitrine, synchronisés à l’inspire/expire.
Étirement crayon invisible : dessiner un grand cercle dans l’air, bras tendu, poignet souple.
Ancrage positif : se remémorer une écriture réussie (« le mot robot que tu avais si bien formé hier »).
La règle des micro‑séquences :
Découpez l’activité écrite en créneaux de 7 minutes, suivis d’une pause active (se lever, boire une gorgée d’eau). Le cerveau garde ainsi une vigilance stable sans saturation émotionnelle.
Le tableau de progression qualitative
Objectif choisi par l’enfant | Ressenti après séance (🙂/😐/🙁) | |
Semaine 1 | Tenir le crayon plus léger | 🙂 |
Semaine 2 | Finir 4 lignes sans ratures | 😐 |
Semaine 3 | Copier un texte en 5 min | 🙂 |
Impliquez l’enfant dans le choix des objectifs : l’auto‑détermination réduit l’appréhension.
Conclusion
Les blocages émotionnels ne sont ni des caprices ni une fatalité. Ils sont l’expression d’un déséquilibre entre l’exigence perçue et les ressources de l’enfant. En les identifiant et en ré‑alignant émotion et motricité, vous offrez à votre enfant l’opportunité de transformer le « Je n’y arriverai jamais » en « Regarde ce que j’écris ! ». Et si la route semble encore longue, sachez qu’un accompagnement spécialisé en graphothérapie s’appuie sur ces mêmes leviers, avec un œil formé et des outils individualisés.
Envie d’en savoir plus ? Je vous accueille avec plaisir pour un premier échange afin d’explorer ensemble les besoins spécifiques de votre enfant et construire un parcours d’écriture qui lui ressemble.
Indice précieux : Si, malgré les outils ci‑dessus appliqués pendant 4 à 6 semaines, l’écriture reste une source majeure de stress, une rééducation spécifique peut offrir un cadre neutre et progressif.
Aller plus loin avec la rééducation
Si vous sentez que votre enfant a besoin d'un soutien supplémentaire, n'hésitez pas à explorer la rééducation.
Lisibilité : écriture illisible malgré l’effort maximal de l’enfant. L’enseignant note qu’il a du mal à déchiffrer, ou donne des points en moins pour écriture illisible.
Temps d’écriture : si un devoir annoncé 15 min en classe, prend 50% de temps en plus à la maison, malgré pauses et aide.
Résultat scolaire impacté malgré un accompagnement régulier à la maison.
Douleur physique : plainte régulière au poignet, au pouce ou à l’épaule. Crispations ou raideurs récurrentes.
Impact émotionnel : Conflits familiaux persistants autour des devoirs qui nuisent à la relation parent‑enfant. Crises de larmes, fuite des devoirs, phrases : « Ça sert à rien, j’y arriverai jamais ». Rejet massif de toute tâche écrite accompagné de dévalorisation.
Dans ces cas, une rééducation permet d’agir simultanément sur le geste et l’estime de soi : deux faces du même miroir !
Imaginez voir votre enfant retrouver le sourire en écrivant, gagner en confiance et en autonomie. C'est ce que nous visons dans chaque séance. Si vous souhaitez en savoir plus ou si vous pensez que votre enfant pourrait bénéficier de cette approche, je vous invite à me contacter pour discuter des possibilités.
Ce qu’une rééducation peut changer :
Fluidité du geste : moins d’efforts => plus d’énergie pour la réflexion.
Organisation spatiale : marges, alignement, mise en page — des compétences transférables aux schémas, à la géométrie.
Confiance : chaque progression visible nourrit l’estime de soi, ce qui rayonne sur toutes les matières, puis hors de l’école.
“Quand la main se libère, l’esprit respire.”
S’il est temps d’offrir ce souffle à votre enfant, je serai heureuse d’en discuter avec vous lors d’un premier échange bienveillant.
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La promesse d’une graphothérapie psychopédagogique
« Quand l’écriture devient fluide, l’esprit devient libre. »
Envie d’en savoir plus ? Contactez‑moi pour un premier échange afin d’explorer ensemble les besoins spécifiques de votre enfant et construire un parcours d’écriture qui lui ressemble :
Bilans croisés : écriture, apprentissage et gestion émotionnelle.
Programme sur‑mesure : exercices corporels, stratégies cognitives et jeux d’écriture.
Co‑construction parent‑enfant‑thérapeute : vous repartez avec un kit d’activités pour prolonger les effets à la maison.
Découvrez mes livres :
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