Il existe plusieurs cas de figure. Il y a les enfants qui se connaissent bien :
- Pour certains, tout est facile. Ils connaissent leurs forces et ils réussissent bien à l'école.
- D'autres savent qu'ils ont des difficultés et ils travaillent fort pour les surmonter.
Au delà de ces cas simples, il existe des cas plus complexes d'enfants qui ont plus de mal à se définir :
- Certains enfants ont ainsi un potentiel élevé, mais ne croient pas en eux. Ces enfants ont, ce que l'on appelle, une "illusion d'incompétence".
- Et il y a d'autres cas, beaucoup plus surprenants d'enfants qui se pensent meilleurs que ne l'indiquent leurs tests d'habiletés mentales, et qui, à potentiel égal, réussissent effectivement mieux que les autres en français et en mathématiques.
Croire en ses compétences ou pas. Le sujet est majeur. Les représentations que l’enfant construit sur ses propres aptitudes à comprendre et à répondre à une consigne sont cruciales pour son développement. Les enfants qui croient en leur compétence sont plus motivés dans les apprentissages. D’autre part, la capacité à croire en soi prédit mieux la réussite de l’enfant que ses compétences réelles
L'illusion d'incompétence
L’illusion d’incompétence est caractérisée par "la présence d’un décalage négatif entre la perception que la personne a de sa compétence et sa compétence établie par une mesure objective."(Vaillancourt & Bouffard, 2009).
Quand et comment se manifeste l'illusion d'incompétence?
Elle se manifeste face à la résolution d’un problème ou dans la réalisation d’actions. L'illusion d'incompétence constitue un schéma de pensée particulier, conduisant notamment l'enfant à interpréter la réussite ou l'échec à un examen par des causes indépendantes de sa volonté. Ainsi déresponsabilisé, l’enfant en échec maintient une bonne image de soi; l'enfant qui réussit se prive au contraire d'un feed-back positif sur ses capacités. Aussi, ce schéma constitue un frein aux apprentissages.
Ainsi, un enfant qui entretient un schéma dysfonctionnel d’illusion d’incompétence, réussir un devoir n'est pas envisageable, car cela irait à l’encontre de son schéma de pensée. Concrètement, l'enfant va trouver alors une raison extérieure à lui-même pour expliquer son succès (la facilité de la tâche par exemple, la chance, ou l’aide d’autrui, etc.) ou se place simplement dans le déni de la réussite.
Selon Vaillancourt et Bouffard (2009), le enfants qui se croient incompétents sont :
Moins persévérants au travail et ont moins d’attentes de réussite,
Préfèrent les tâches avec peu de défi,
Sont plus anxieux devant l’évaluation,
Croient que leurs parents et leur enseignant les jugent peu compétents,
Ont une estime de soi plus faible,
Participent moins en classe,
Se disent moins fiers et moins satisfaits d’eux-mêmes,
Ont un rendement scolaire inférieur à leurs capacités réelles.
Comment les schémas d'illusion d'incompétence (dys)fonctionnent-ils ?
Une fois élaborées, les attitudes dysfonctionnelles conduiraient la personne à commettre des erreurs systématiques d'interprétation dites aussi distorsions cognitives telles que :
La surgénéralisation, le fait de généraliser les aspects négatifs d’un événement a un autre même s’ils sont peu semblables;
La responsabilisation, le fait de se sentir responsable d’évènements négatifs sans aucune raison apparente;
L’anticipation de la catastrophe, qui consiste à croire que le pire s’est produit ou se produira dans une situation,
L’abstraction sélective, qui dirige l’attention vers les aspects négatifs d’un événement sans tenir compte du contexte général de la situation,
La minimisation, qui donne un sens négatif ou moindre à la réussite.
Comment nait l’illusion d’incompétence chez un enfant ?
Elle est à la fois le reflet d’une éducation donnée par les parents, complétée par l’école et également une réception biaisée par les enfants.
En effet les parents véhiculent des stéréotypes comme le fait que les garçons seraient meilleurs en maths et les filles meilleures en Français. Un enseignant va aussi avoir tendance à véhiculer certaines valeurs d’excellence, qui mal amenées ou présentées, peuvent devenir un frein considérable aux apprentissages de par la naissance d’une anxiété et d’une peur de l’échec chez les enfants.
Comment remédier à l’illusion d’incompétence ?
Quelques points d’appui peuvent être présentés, en classe comme à la maison :
Individualiser les activités et différencier au maximum : chaque élève travaille donc à la mesure de ses capacités ;
Avoir une attitude bienveillante en tant qu’enseignant ou en tant que parent : valoriser le moindre effort, se concentrer sur l’encouragement et les réussites plus que sur la comparaison avec une norme ou des programmes. Être dans l’éducation positive ;
Prendre le temps d’expliquer les échecs, les relativiser, les discuter ;
Promouvoir l’effort et le goût de celui-ci plus que l’excellence ;
Crée un climat serein et rendant possible l’émulation plus que la compétition ;
Favoriser un dialogue des émotions et des ressentis par rapport aux apprentissages : une fois par semaine, qu’as tu compris ? Comment t’es tu senti par rapport à ces notions nouvelles ? Qu’as tu trouvé difficile, pensais tu réussir, es-tu heureux d’avoir réussi ?
Bon courage à tous, et n'oubliez pas que quoi qu'il arrive, il n'existe pas de parents parfaits... juste des parents qui font au mieux !
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Source :
Vaillancourt, M.-E., & Bouffart, T. (2009). Illusion d'incompétence, attitudes dysfonctionnelles et distorsions cognitives chez des élèves du primaire. Canadian Journal of Behavioural Science, 41 (3), 151-160.
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