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Marina Laloux-Failliot

Apprendre à apprendre, ou comment mettre dans sa tête (évoquer) en 4 points clés ?

Dernière mise à jour : 14 nov. 2023

Antoine de La Garanderie (1920-2010) est un philosophe et pédagogue à l'origine de la théorie pédagogique des "Gestes Mentaux d'Apprentissage" dite : la gestion mentale.

La Gestion mentale est une réflexion sur les motifs de la réussite et de l’échec des étudiants, mettant en évidence cinq gestes mentaux intervenants dans l'apprentissage :

- L'attention

- La mémorisation

- La compréhension

- La réflexion

- L'imagination


Le but de cette réflexion pédagogique est d'optimiser ses gestes mentaux d’apprentissage.


Le sujet prend conscience par introspection de ses évocations et de ses itinéraires mentaux lors de l'accomplissement d'une tâche. En d'autre termes, il s’observe penser pour amener à la conscience des processus mentaux subconscients, grâce au dialogue pédagogique qui favorise cette connaissance de soi.


Dans la pratique pédagogique, trois temps sont à prendre en considération :

- Un message est énoncé par une personnes et une autre personne le perçoit grâce à ses 5 sens : La perception

- Cette seconde personne met le message dans sa tête : l'évocation

- Puis elle est en capacité de restitue le message : la restitution

La gestion mentale d'Antoine de la Garanderie
La gestion mentale d'A de la Garanderie

Comment distinguer "Perception" et "Évocation" ?

La perception est une activité sensorielle, effectuée par les 5 sens : la vue, l'odorat, le toucher, l’ouïe et le goût. La perception est la sélection de ce qui est perçu, c'est-à-dire l’appropriation par les sens permettant la prise d’indices sur l'extérieur. Elle suppose une attention sélective.


L’évocation est la représentation cette réalité dans notre cerveau sous formes d’images mentales. Les images mentales se passent toujours à l’intérieur d'une personne ; les autres personnes ne peuvent pas y avoir accès. Les évocations mentales sont la réponse aux questions : Comment ça se passe dans ma tête ? Qu’est-ce que ça fait dans ma tête ? Cette construction du sens prend du temps.



Prenons un exemple pour tenter d'être plus clair :

Dans cette pub, l'homme donne une perception (auditive) à la femme qui évoque (visuellement) ce qu'elle entend. Elle modifie son évocation au fur et à mesure des nouvelles informations... mais visiblement ça ne colle pas.

Évoquer en 4 points clés


Les parents et les enseignants n'ont pas besoin de connaitre les habitudes évocatives de leurs enfants ou élèves pour bien les inciter à évoquer. Pour faire passer un message, une leçon, un apprentissage, il suffit :

  1. De stimuler l'évocation le plus souvent possible en rappelant aux enfants de "mettre dans leur tête", à leur façon, ce qui leur est dit ou montré. Au bout d'un moment, cette démarche mentale deviendra une habitude ;

  2. De leur préciser, si besoin, comment ils peuvent le faire : en leur rappelant qu'ils peuvent créer des images (fixes ou animées) de ce qui leur est dit ou montré, ou se décrire le message avec des mots entendus ou leurs propres mots. Comme pour le premier point, cette étape est amenée à disparaitre eu fur et à mesure que cette démarche deviendra un automatisme ;

  3. De leur laisser du temps pour évoquer et pour prendre conscience des traces que cela produit dans leur cerveau. Ceci implique donc un moment de silence, de la part de l'enfant comme de l'adulte.

  4. De vérifier régulièrement leurs évoqués afin de s'assurer à la fois de leurs présences (certains enfants ont du mal à évoquer), mais aussi de l'exactitude des évoqués. Comment ? En faisant reformuler les élèves (restitution). Cette reformulation peut se faire systématiquement à la fin de chaque leçon ou quotidiennement en devoir à la maison, s'en suivant un échange entre pairs le lendemain.

Il est important de comprendre l’importance du temps d'arrêt, qui n'est pas du temps perdu, mais plutôt du temps bien investi !


Note aux enseignants : Une telle pédagogie de l'attention est donc assez simple à mettre en œuvre, et peut facilement être intégrée à la démarche didactique des enseignants. Le plus difficile est de s'arrêter d'enseigner pendant quelques instants... ou de penser à la faire.


L'importance de la mise en projet


Selon Antoine de la Garanderie, "tout acte de connaissance sous-tend un projet de sens dans lequel nous nous inscrivons".

Etablir un projet mental, c’est donner du sens et une direction à une activité mentale pour que celle-ci fonctionne. Il faut savoir « pourquoi » avant de savoir « comment ». Sans projet mental, le geste mental ne pourra pas être réalisé. Plus le projet mental sera précis, plus le processus mental sera efficace.

La mise en projet est indispensable à l’évocation : il est nécessaire de définir l’objectif pour sélectionner les indices et les mémoriser.


Le concept caractérisant la mise en projet est le geste d’attention : c’est percevoir avec le projet de faire exister mentalement l’objet de la perception pour le mémoriser, réfléchir, imaginer, comprendre.

 

Bon courage à tous, et n'oubliez pas que quoi qu'il arrive, il n'existe pas de parents parfaits... juste des parents qui font au mieux !

 

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Source :

Micheline Dubuc, Apprendre avec des outils pédagogiques « facilitateurs de pensée », Gestion mentale et transfert des apprentissages, Chronique Sociale, 2013. Acheter sur Amazon

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