Comprendre le point de vue de l’autre, c’est accepter que l'opinion de l'autre soit tout aussi légitime que la nôtre.
Facile à dire... car cela peut s'avérer chose difficile à admettre au cours d'une discussion plus ou moins vive. Comprendre le point de vue de l’autre revient à se projeter mentalement dans sa tête pour imaginer quelle est sa propre vision d’une situation.
C’est en nous mettant dans la peau de l'autre que nous serons capable de distinguer plus facilement ses émotions des nôtres. En observant la situation du point de vue de notre interlocuteur, nous pouvons comparer notre état émotionnel et le sien, et ainsi identifier plus facilement l’origine de l’émotion présente dans la relation.
Enfin, ça c’est la théorie... après il y a la pratique… et c'est une autre histoire !
Prendre la juste place de l’autre et pour comprendre son point de vue est plus compliqué que l’on pourrait croire. Car comprendre le point de vue de l’autre revient à expérimenter la situation avec son cadre de référence à lui. Un cadre de référence est une construction du monde qui nous entoure, propre à chacun, donc unique et très personnelle. Il existe de nombreux filtres entre notre propre cadre de référence et celui de l’autre. Ce sont ces filtres qui font la vision d'une même situation diffère entre 2 individus.
Le filtre neurologique
Par ce filtre, le monde tel qui nous apparait est le résultat des constructions propres à notre cerveau. Cette représentation du monde est déterminée génétiquement et est particulière à chaque espèce. En effet, notre monde n’est pas celui de la fourmi, d’un oiseau ou d’un chien.
À ce niveau, nous pouvons encore supposer que le cadre de référence de l’autre (s’il est humain) est le même que le nôtre.
Le filtre VAKOG
Proche du filtre neurologique, le filtre VAKOG est celui de nos cinq sens. En effet, nous percevons le monde qui nous entoure au travers de ce que nous voyons, entendons, touchons, sentons et goûtons. Tel un bébé qui découvre le monde qui l'entoure en scrutant tous les objets de son quotidien par ses cinq sens.
A partir de ce niveau, il commence à se distinguer des différences de cadres de références entre deux personnes. Prenons l’exemple d’une personne malvoyante ou malentendante; par l’absence d’un de ses sens, elle aura un cadre de référence différent d'un voyant ou d'un entendant.
Le filtre socio-culturel
Le cadre de référence socio-culturel dans le lequel nous évoluons influence considérablement notre propre cadre de référence. Par les mythes, les rites, nos valeurs, nos croyances, les langages...
Par ce filtre, nous voyons encore qu’une partie du cadre de référence de l’autre est encore différent du nôtre en fonction de son environnement socio-culturel. Par exemple, la façon de dire bonjour varie considérablement selon que l’on se trouve au Japon, aux Etats-Unis, en France ou au Groënland.
Le filtre individuel
Proche du filtre socio-culturel, le filtre individuel est généré par le milieu dans lequel nous avons vécu, l’éducation que nous avons reçue, l’influence exercée par nos parents et les personnes importantes ; les multiples expériences vécues enfant puis adulte ont influencé considérablement la façon dont on perçoit le monde qui nous entoure.
C’est à partir de ce filtre que nous pouvons clairement voir qu’il y a autant de cadres de références qu’il y a d’êtres humains sur Terre. Même deux vrais jumeaux ayant un patrimoine génétique commun et ayant grandi dans un même environnement auront deux cadres de références différents de part les différentes expériences personnelles qu’ils auront vécues chacun de leur côté.
Le filtre de la sélection
Le cerveau humain, malgré son formidable potentiel, ne peut stocker de façon consciente toutes les informations visuelles, auditives, kinesthésiques, olfactives et gustatives auxquels il est soumis du matin jusqu’au soir. Pour éviter la surchauffe, nous sélectionnons donc, inconsciemment, les informations utiles à notre quotidien.
Ainsi, les stimuli sélectionnés par l’autre ne seront pas forcément les mêmes que ceux que vous aurez vous-même sélectionné. Du coup comprendre le point de vue de l’autre revient à chercher les informations manquantes dans ce qu’il dit.
Le filtre de la généralisation
Le processus de généralisation est ce qui nous permet de reproduire une expérience vécue une fois, dans de multiples contextes différents. Prenons un exemple simple : l’ouverture d’une porte. Dès que nous sommes en âge d’ouvrir une porte, après quelques répétitions, nous somme capable d'ouvrir n’importe quelle porte. Nous avons généralisé le processus.
Mais, les généralisations de l’autre sont différentes des vôtres. Par exemple si pour lui “Tous les chiens sont dangereux”, il n’en est pas de même pour vous si vous êtes éleveur de bergers allemand. Ainsi comprendre le point de vue de l’autre revient encore à comprendre les généralisations auxquelles il est soumis.
Le filtre de la distorsion
Le processus de distorsion déforme la perception que nous avons d’une information de façon à la faire correspondre à nos croyances, un peu comme ces miroirs déformants des fêtes foraines. L’image renvoyée ne correspond pas tout à fait à la réalité.
Là encore, l’information reçue par l’autre et soumise à ce filtre, aura une réalité différente pour chacun de nous. Ce filtre à lui seul illustre parfaitement la notion de cadre de référence différent entre deux personnes.
Conclusion
Pour finir, voici un schéma qui illustre bien ces différents filtres dans notre vision du monde.
Et je terminerai cet article sur les mots de Bernard Werber :
"Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous voulez entendre, ce que vous entendez, ce que vous croyez en comprendre, ce que vous voulez comprendre, et ce que vous comprenez, il y a au moins neuf possibilités de ne pas se comprendre" - Bernard Werber
Bon courage à tous, et n'oubliez pas que quoi qu'il arrive, il n'existe pas de parents parfaits... juste des parents qui font au mieux !
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